Le très beau a une face cachée, sa fragilité. C’est assez impensable à vrai dire. Car souvent le beau est plus cher et plus fragile.
Le cachemire pour un manteau, c’est somptueux. Mais le drap s’élime bien plus vite qu’en 100% laine. C’est une vérité. Inavouable. Mais c’est somptueux.
Les cotons égyptiens et sea island sont d’une douceur à peine croyable. Mais les poignets et les bords de cols affichent vite la fatigue. C’est une vérité. Inavouable. Mais c’est très agréable à porter.
Un pantalon en lin et soie ou même en flanelle, c’est bien mieux qu’un jean. Mais les fourches peuvent craquer pour un rien. C’est une vérité. Inavouable. Pourtant, c’est agréable à porter.
Une paire de souliers en cuir, c’est racé et confortable. Mais c’est très fragile si l’on use les semelles sans y prêter attention. Combien d’hommes dans la rue savent qu’il faut mettre des patins ou ressemeler? C’est une vérité. Inavouable. Une belle chaussure est chère. Et en plus il faut s’en occuper!
L’exemple des boutons en nacre sur les chemises est archétypal. Premièrement, ils sont d’un prix exorbitant par rapport à ceux en plastique, et en plus, ils cassent. Pour une marque qui fabrique 100 000 chemises, 5% seulement de retour est absolument inenvisageable.
Les surpiqures tailleur, que l’on appelle AMF dans l’industrie, est aussi un point de qualité sartorial en même temps qu’une fragilité…
Dernier exemple, un drap super 150, c’est fluide à porter et léger sur les épaules. Mais les genoux, l’entre-jambe et les coudes froissent vite. C’est une vérité. Inavouable. Malgré la prouesse technique des drapiers.