Rares sont les tissus à porter autant de valeur et d’émotion que la flanelle, au velouté si typiquement britannique. Le mot flanelle est ancien, venant de l’anglais « flannel », emprunté au gallois « gwlanen ». Techniquement, il s’agit d’un drap dont l’armure toile est estompée par une abrasion de sa surface, faisant apparaitre un léger couvert duveteux.

Au XIXème siècle, la flanelle s’opposait aux beaucoup plus denses serges peignées et autres gabardines. De ce fait, la flanelle était considérée comme plus légère et respirante, et donc un tissu d’été, ce qui prête à sourire de nos jours. Comme il ne faut jamais confondre la matière et la manière de tisser, précisons que la flanelle est une manière de tisser. Et quelle peut-être faite de diverses matières, même si elle est généralement constituée de laine, ou de laine & cachemire. On peut trouver aussi de la flanelle de coton, en fait assez similaire à la moleskine.

Nos ainés ont généralement en horreur la flanelle. Ils ont le souvenir d’une matière qui grattait affreusement leurs cuisses de petits garçons que leurs mères voulaient voir bien emmitouflés. Les lainiers ont vigoureusement réagi pour ne pas se laisser par les matières artificielles. Fini la laine qui gratte, bonjour la douceur et la souplesse. Le pantalon de flanelle continue évidement d’être l’alpha et l’oméga de toute penderie qui se respecte !

C’est en 1915 près de Leeds que Herbert Brown installe son « mill », autrement dit sa fabrique de laine. Avec ses métiers à tisser, il fabrique des draps de laine solide vendus à des fabricants d’uniformes. Durant la seconde guerre mondiale, la fabrication de tissus devient un secteur stratégique au service de l’Armée, et « Brown and sons », le nom d’alors, devient un fournisseur reconnu. Devenu Alfred Brown en 1952, ce drapier familial anglais fournit toujours le twill de laine bleu des blazers des pilotes de la Red Arrows, l’équivalent anglais de la Patrouille de France.

Les grooms du RMS Queen Mary était vêtu de laine Alfred Brown. Ainsi que les acteurs de la série de films Harry Potter, les costumiers de la Warner aimant aussi leurs draps typiquement britanniques. Une maison familiale, proche de son territoire et de ses habitants, travaillant au service des meilleurs tailleurs du monde. Une très belle histoire à laquelle nous sommes heureux chez Scavini de participer.

Un pantalon, ce n’est pas seulement du tissu. C’est aussi une doublure de ceinture, des fonds de poches et des boutons. Et ils sont tous italiens !

La doublure de ceinture est composée de trois tissus superposés. La bande haute est un coton oxford bleu ciel et la bande basse écrue est en coton non-teinté, les deux étant séparées par un passepoil anti-glissoire brodé Scavini. Les fonds de poches sont coupés dans le même coton écru non-teinté. L’absence de teinture est la meilleure des options du point de vue hypoallergénique. Elle permet aussi une relative discrétion des fonds de poches derrières les tissus clairs.
La doublure de ceinture et les fonds de poches sont préfabriqués par la société italienne FVL créée en 1990, garantissant des normes de qualité certifiés ISO et GOTS. FVL est particulièrement impliqué sur le sujet de la durabilité et des protocoles éthiques et sociaux, avec un contrôle continu des processus de production et un système de traçabilité rapide et efficace.

Enfin, pour les boutons, nous n’allons pas loin non plus, toujours en Vénétie. Chez Bottonificio Padano créé en 1982. Nous avons choisi d’utiliser exclusivement le corozo, appelé ivoire végétal, naturel et biodégradable. Il s’agit de l’albumen corné, dur et blanc, de la graine d’un palmier d’Amérique tropicale. Bottonificio Padano vise l’élimination des polluants chimiques et le recours à des pigments de plus en plus naturels. Depuis 1982, toute l’eau utilisée en production, y compris celle utilisée pour la teinture et le culbutage, est purifiée et réutilisée, dans le cadre d’un « cycle fermé », sans aucun rejet dans le milieu extérieur.

Notre développement s’accompagnant d’une grande conscience de la qualité, tout en privilégiant la production locale, nous avons dirigé nos recherches en Italie au cours de l’année 2021.

Après de longs mois, nous avons dénichés un petit atelier artisanal au sud de Naples qui est une bénédiction. Notre façonnier de génie a créé son atelier à l’âge de dix huit ans, dans les années 2000. Avant cela, ses parents avaient aussi eu leur propre atelier de pantalons. Ses seules limites, la place et le recrutement des couturières.
En dehors de cela, quelle finesse, tout est possible ! Avec notre nouvel atelier, nous développons nos volumes et apportons une grande esthétique artisanale.

Nous pouvons travailler en profondeur les modèles et les détails, loin des grandes plateformes industrielles. Un travail en étroite collaboration qui nous permet – c’est très sympa – d’aller en Italie de temps à autres et de revenir la tête pleine d’idées nouvelles. Les maitres mots des Pantalons Scavini sont maintenant finesse, artisanat & localisme. Ils sont coupés dans des draps italiens ou anglais. Un équivalent des modèles des grandes maisons de luxe.